Plan de reconquête ou plan de communication ?
A la lecture du dernier « Plan de reconquête économique » annoncé par Renaud Muselier, nous ne pouvons que constater que le Président de la Région reste malheureusement fidèle à la ligne mise en oeuvre durant tout son mandat : faire de la communication et mettre les moyens de la Région au service du business.
En effet, ce plan égraine une nouvelle fois de vieilles recettes d’attractivité territoriale autour de concepts repris par tous les exécutifs régionaux en France : spécialisation, internationalisation et aides sans contrôles aux entreprises sous couvert de soutien à l’innovation. Il s’agit de mettre en concurrence les territoires et les travailleurs dans le cadre d’une soi-disant « mondialisation heureuse ».
Les mesures de financement présentées sont pour la plupart des effets d’annonces car votées sans être financées concrètement. A ce titre, M. Muselier n’a toujours pas jugé utile de soumettre au vote de l’assemblée régionale les orientations budgétaires pour 2021 qui auraient pu démontrer cette supercherie.
Le plan annonce un nouveau dispositif pour financer les « projets d’innovation » qui existe depuis 2016 !
Il préconise la réduction des « impôts de production » qui favorisent les plus grosses entreprises, les spéculateurs alors que nombre de petites et moyennes entreprises, directement ou indirectement victimes des choix très discutables des plus grosses, vont être les plus ébranlées par la crise actuelle.
Pour solde de tout compte, ces petites entreprises auront droit à « du coaching numérique », des conseils juridiques ou encore accès à une « plateforme de promotion de l’offre locale ». Qui plus est, cette réduction de la fiscalité locale va encore une nouvelle fois dégrader le budget de toutes les collectivités locales.
La majorité régionale, à l’image de nombreuses directions d’entreprises, prend prétexte du contexte sanitaire et accélère la mise en oeuvre des mauvaises idées, notamment sur la spécialisation économique de la région. Des mesures qui, depuis de nombreuses années autour du tourisme et de plus larges dispositifs, organisent la désindustrialisation de tous les départements sur la région, avec son lot de suppressions d’emplois et accélèrent la paupérisation de certaines tranches de la population, concentrant les moyens autour des métropoles.
Dans ce cadre les bonnes intentions ou ambitions de « relocaliser » la production industrielle mais sans rien planifier autour des secteurs stratégiques de la région, donc laissant libre court au marché et à la concurrence en espérant attirer des investissements étrangers, sont quasi vouées à l’échec.
La Région se rêve toujours en Silicon-Valley Sud (en Smart région) et crée un nouveau dispositif pour attirer des startups étrangères, mais est-ce une priorité dans la période ?
Il propose des espaces fonciers « clés en main » contrairement aux engagements de la « COP21 » qui devaient contenir l’artificialisation des sols, plutôt que de s’appuyer sur des zones et des friches industrielles existantes.
Ces propositions du monde d’avant ne tirent pas les leçons des crises passées et actuelles, et amplifieront les inégalités sociales et territoriales déjà présentes. L’exécutif régional devrait rapidement opérer d’autres choix et répondre en priorité aux besoins des populations et des territoires de la région.
La CGT revendique de :
- Repenser la politique économique actuellement orientée uniquement vers la compétition internationale et la spécialisation des territoires.
- Planifier des investissements publics favorisant une économie respectant des critères sociaux et environnementaux.
- Se donner l’ambition d’une reconquête industrielle, en cherchant à développer des productions utiles aux populations, en favorisant la recherche de nouveaux modes de production respectueux des humains et des éco systèmes, par exemple favoriser la création d’un pôle public du médicament.
- Renforcer les services publics, lutter contre les déserts médicaux et contribuer au développement de centres de santé avec l’embauche de médecins salariés.
- Prendre des mesures d’incitations auprès des employeurs, afin que soit préservé et développé l’emploi, soit assurée la formation des travailleurs pour maintenir les savoir-faire et soit appliquée l’égalité professionnelle.
- Investir dans le développement des transports dans son approche multimodale, favoriser le déplacement des voyageurs par les transports collectifs, et revenir sur la volonté d’ouverture des lignes SNCF à la concurrence, à la privatisation.
- Accélérer la rénovation et l’équipement des lycées et renforcer les effectifs des personnels.
- Assurer un haut niveau d’engagement en faveur de la culture et des arts accessibles à tous.
- Réussir la transition écologique à travers des fonds régionaux point d’appui pour favoriser les circuits courts, faciliter les coopérations et la solidarité internationales.
- Soutenir de nouveaux modèles économiques notamment coopératifs et du tourisme social, solidaire.
- Dégager des moyens pour la rénovation énergétique des logements et des bâtiments publics régionaux.
- Sauvegarder les structures associatives durement frappées durant la crise et les clubs sportifs essentiels au lien social et à la santé publique.
La situation économique et sociale de notre région comme de l’ensemble du pays est trop grave pour se contenter d’effets d’annonces et de communication pré-électorale.
Le contexte exige que l’exécutif régional mette en oeuvre une politique en faveur des secteurs et des territoires les plus touchés, des populations les plus démunies, des jeunes notamment dans les domaines d’intervention relevant de sa compétence.
Marseille, le 5 novembre 2020