A PROPOS DE LA DESTRUCTION DU TNN ET DE LA POLITIQUE CULTURELLE DE LA VILLE DE NICE

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le maire de Nice, Christian Estrosi, lorsqu’il réunit «le monde du spectacle vivant de la ville», ne juge jamais bon de solliciter la CGT qui pourtant, à travers ses syndicats d’artistes et de personnels techniques et administratifs représente les travailleurs et travailleuses du secteur. Puisqu’il ne nous la demande pas, voilà la position de la CGT Spectacle des Alpes-Maritimes, du SFA-CGT Paca, du Synptac-CGT, du SAMNAM-CGT et de la CGT NMCA :

Alors qu’on inaugure, à grand bruit, les travaux d’un hôtel de police, il suffit d’un paraphe de notre ministre de la Culture et d’une délibération du Conseil Municipal de Nice pour que notre Centre Dramatique National, le TNN, soit privé de son outil de travail : deux salles de spectacle, une salle de répétition, un atelier de costumes, un atelier de construction de décors, une salle d’accueil du public, un restaurant, des bureaux administratifs. Tout cela va se volatiliser, s’éparpiller dans la nature avec imprévoyance, incompétence et mépris.

La disparition de l’actuel bâtiment du TNN et son remplacement par une multitude de sites confidentiels ne facilitent pas l’accès au théâtre : la Chapelle des Franciscains n’aura ni la capacité d’accueil ni les équipements techniques performants dont dispose la structure actuelle.

Que dire encore du respect de la loi sur la propriété intellectuelle et de l’œuvre architecturale, conçue comme une entité avec le MAMAC, quoi qu’on puisse en penser. Enlèverait-on un œil à la Joconde ?
On s’interroge sur les raisons qui ont poussé le Ministère de la Culture à donner son aval à ce projet sans garanties en contre-partie et, pire, sans en connaître les tenants et aboutissants.

Dans le même temps, l’un des huit Centre Nationaux de Création Musicale de France, seul autre label national de la Ville de Nice, subit la volonté de désengagement de la municipalité. Le CIRM, organisateur notamment des MANCA, un des premiers et des plus importants festivals de musique contemporaine, pourrait perdre son label et à la suite ses financements. La création musicale et plusieurs emplois sont menacés.

Parallèlement, la Ville affiche sa candidature à un label national pour son Opéra. Pourtant, les membres de ses trois corps artistiques, orchestre, chœur et ballet, demeurent les moins bien rémunérés de France. Malgré son ambition, la Ville peine à garder les artistes de qualité qu’elle recrute et à assurer de bonnes conditions de travail à l’ensemble de son personnel. La présence du TNN dans les locaux de l’Opéra et de la Diacosmie ajoute encore aux difficultés organisationnelles et de programmation.
La même imprévoyance est de mise quant à l’avenir de la Cinémathèque de Nice. Du fait de la destruction du complexe Acropolis, cette institution est vouée à disparaître. Aucune solution pérenne de relocalisation n’est à l’ordre du jour. Les personnels et les usagers sont dans l’ignorance totale de son devenir.

A cette irréflexion se rajoute le mépris pour les agents de la Bibliothèque Nucéra qui ont appris au détour d’un article de presse, que les bureaux administratifs situés dans la «Tête Carrée», seront délocalisés sans aucune concertation avec les agents et sans mesurer les conséquences sur la lecture publique.
Dans ces conditions, on se demande comment Nice peut prétendre devenir « capitale européenne de la culture » en 2028.

La Culture n’est pas une marchandise, ni seulement un savoir ou une distraction réservés à une élite : il s’agit, comme la définissait le Conseil National de la Résistance, de « donner tout au long de la vie à chaque individu, homme ou femme, les moyens de se former, de se développer, de s’informer, de s’enrichir, pour être un citoyen libre et pleinement responsable aussi bien de soi-même que des autres et du monde qui l’entoure ».

Loin de voir la Ville de Nice mettre en pratique cette éducation populaire, on ne peut aujourd’hui que faire le constat que ne s’improvise pas qui veut, ministre des affaires culturelles.

CGT Spectacle des Alpes-Maritimes
SFA-CGT Paca (Syndicat Français des Artistes Interprètes)
SYNPTAC-CGT (Syndicat National des Professionnel.le.s du Théâtre et des Activités Culturelles)
SAMNAM-CGT (Syndicat des Artistes Musiciens de Nice et des Alpes Maritimes)
CGT NMCA (Syndicat CGT des territoriaux de Nice Métropole Côte d’Azur)

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